|
||||
---|---|---|---|---|
"La cause du succès ou de l'échec
relève beaucoup plus d'une attitude mentale
"Faisons fi des discours ampoulés et parfois ésotériques sur l'apprentissage long et douloureux afin de trouver le satori. Nous pratiquons ensemble un art martial, les raisons qui nous ont amenés à faire ce choix sont différentes pour chacun d'entre nous et certainement conjoncturelles. Les valeurs d'attention, de respect, de concision ne sont pas l'apanage des arts martiaux japonais. Mais l'isolement volontaire du Japon pendant trois siècles aura permis à certains arts de s'accomplir sans êtres troublés et dilués par des mélanges culturels. Cela vaut aussi bien pour la poterie que la cérémonie du thé, l'ikebana ou le Iaido. Et c'est peut-être cette force et cette épure qui nous touche aujourd'hui et nous aura fait choisir cette pratique plutôt que, en résonance avec nos facteurs socioculturels, la canne ou l'escrime. Dans le cadre de la pratique, les règles sociétales sont tout simplement celles que nous appliquons au quotidien. À la différence, qu'elles découlent d'un choix premier. Personne ne vous oblige à vous inscrire ! Puis à venir régulièrement, puis à travailler, c'est votre libre-arbitre. Quelle attitude
doit-on adopter dans le dojo ? La ponctualité : le respect des horaires est primordial. Bien sûr, tout le monde peut arriver en retard mais pas régulièrement en retard ! La politesse : c'est surtout une forme, une gestion émotionnelle. Posez-vous la question : pourquoi ne pas dire bonjour ? Le respect : au lieu dans lequel on s'entraîne, au cérémonial qui, même s'il semble marquer principalement le début et la fin d'un cours, est un apprentissage clé et à l'enseignant qui porte volontairement le fardeau des errements du groupe L'engagement : nous partageons ensemble un cours, vous ne venez pas pour meubler votre temps ou rencontrer des gens mais afin de faire évoluer votre pratique. Faites les choses totalement ou ne les faites pas. Ce n'est ni un examen, ni un concours, et vous êtes aussi votre propre professeur. Le travail : le temps ne réglera pas tout. La qualité et l'intention sont plus fortes que la simple répétition."
LA "JUSTE IMPLICATION" DANS UNE PRATIQUE MARTIALE
"Toute
progression est dépendante de l'état d'esprit d'un
pratiquant autant, voire plus, qu'à ses capacités
physiques et de la qualité de communication qu'il parvient
à établir avec son corps. Dans l'évolution personnelle, nos actes sont moins importants que l'esprit dans lequel nous les faisons. Pour cette raison, il est important de remettre sans cesse en question notre perception de la pratique martiale. Pourquoi avons-nous fait ce choix ? Qu'en attendions-nous en décidant de venir assister à notre premier cours et qu'en attendons-nous aujourd'hui ? A quoi pensons-nous lorsque nous franchissons le seuil du dōjō, que nous revêtons uwagi, obi et hakama ? Quelle relation entretenons-nous avec le sabre ? Celui-ci n'est-il qu'un outil, ou matérialise-t-il une partie de nous-même réclamant d'être enfin reconnue, respectée et de quitter les profondeurs de notre être afin de s'épanouir au grand jour pour nous protéger au mieux ? Toutes ces questions sont aussi nombreuses qu'utiles... Les raisons pouvant amener un pratiquant à rejoindre l'univers des arts martiaux sont souvent assez différentes et étroitement liées à sa nature profonde. Certains seront plus axés sur une recherche physique alors que d'autres seront plus tournés vers une quête spirituelle. Pour la plupart, ils souhaitent avoir accès à des techniques d'auto-défense efficaces tout en développant leur sens de l'équilibre et de l'espace, en affinant la gestion de leurs émotions dans l'action et la communication avec leur corps. Mais s'engager vraiment sur la voie des arts martiaux, c'est faire le choix de s'impliquer consciemment vers une compréhension toujours plus poussée de ce que nous sommes et où nous souhaitons aller. Je fais partie de ceux qui différencient volontairement les arts martiaux des sports, et je n'hésite pas à reprendre amicalement au cours des conversations celles et ceux qui en font l'amalgame. Ce n'est pas par manque de tolérance, mais plutôt pour savoir si la personne assimile consciemment l'art martial à un sport, ou si c'est juste une tournure de phrase. L'univers des arts martiaux pâtit parfois de cette assimilation avec un sport. Un pratiquant affichant une marque de grande distribution sur son kimono suit-il encore le chemin sur lequel il avait décidé de s'engager ? L'argent et la course aux grades favorisent-ils le développement personnel et l'écoute des autres ? Soyons clairs : le fait d'avoir un sponsor n'exclut pas d'avoir un esprit martial, certains sports le prouvent souvent en constatant la solidarité entre athlètes ne parlant même pas la même langue, obligés à l'excellence dès leur plus jeune age pour arriver à haut niveau, et se tombant dans les bras après avoir tout donné. Sur un cliché de l'instant, il est parfois difficile de savoir lequel est le vainqueur... les deux le sont selon moi, car ils ont tous les deux cherché à se dépasser sans manquer de respect à l'autre. Pour savoir gagner, il faut savoir perdre et s'y être préparé. Pour progresser dans
les arts martiaux, les pratiquants doivent avant tout
comprendre les raisons qui les animent. Ramener des
médailles ? Etre le meilleur ? Obtenir de la
reconnaissance ? Protéger ses proches ? Se changer les
idées après une journée de travail ? Chacun ses raisons. Le pratiquant doit essayer d'affiner la perception et le contrôle de ses émotions dans l'action d'un kata autant que dans son rapport à autrui. Le pire adversaire est en nous : c'est notre égo ! C'est à lui d'être tranché. A quoi bon tenter de dominer notre égo lors de notre pratique du iaidō et le laisser nous dominer le reste du temps ? Percevoir une pratique martiale comme un sport, aussi rigoureux soit-il, en exclu la dimension "Dō", alors qu'elle est selon moi la clef d'une progression complète. Pour le samurai, avoir la pensée juste sans émotion perturbatrice était le moyen d'obtenir le geste juste au moment juste, afin de préserver sa vie et celle des autres. Dans notre quotidien, ce mode de vie et cet état d'esprit doivent permettre de maintenir notre état de zanshin en éveil, tout en restant ouvert à la progression par une remise en question permanente de nos acquis. On ne se contente jamais de ses connaissances, on reste dans le mouvement, dans l'action. La connaissance de son corps permet de le pousser, et de progresser tout en le respectant. Réussir tel ou tel kata ne sera peut-être seulement possible que dans dix ans, et alors ? L'important n'est pas d'arriver mais le chemin pour y arriver. En conclusion, je dirais que, dans une pratique martiale, l'obtention d'un grade ou d'une récompense en compétition doivent être une conséquence du niveau du pratiquant et non un objectif en soi. La juste implication dans un art martial, c'est d'être autant conscient de ses capacités que de ses limites, et tenter de repousser ses dernières, une par une, en étant toujours plus sincère dans sa pratique tout en respectant les autres. Bonne pratique à tous et longue vie à ceux
qui cherchent !"
© Iaido Maison Blanche - Mushin no Shin - 2009-2024 - Tous droits réservés |